Du piment d'Espelette dans la LGV contestée au Pays basque

27 juin 2010 07h27 | Par véronique fourcade

Du piment dans la LGV

 

apressaragosse

Alain Rousset s'est sérieusement accroché hier avec des manifestants anti-LGV venus s'adresser au ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire

L'anniversaire de l'appellation d'origine contrôlée Piment d'Espelette se déroulait hier matin dans un grand élan consensuel. Pour souffler sur les dix bougies, le ministre de l'Agriculture du gouvernement UMP, Bruno Le Maire, venu en voisin depuis sa résidence de Saint-Pée-sur-Nivelle, et le président du Conseil régional, le socialiste Alain Rousset.

Après les bougies, c'est sur les braises du dossier LGV que les deux hommes ont soufflé. Avec à la clé, un clash en public pour Alain Rousset. À la sortie de la réception, en effet, un groupe de manifestants de la Confédération paysanne basque (Euskal Herriko Laborarien Batasuna, ELB), venus à Espelette avec leurs tracteurs, attendait le ministre pour lui exposer divers griefs. Une ribambelle de gendarmes avait pris place dans l'éventualité de frictions. Bruno Le Maire avait fait savoir qu'il accepterait de discuter avec une délégation à la sortie de la réception officielle du piment.

L'entrevue a commencé et Marie-Christine Elizondo, bergère à Urrugne, a pris la parole, captant l'attention du ministre de l'Agriculture pour lui expliquer que dix petites exploitations comme la sienne étaient menacées par la LGV : « Notre outil de travail sera anéanti. »

Le Maire suit la ligne MAM

Bruno Le Maire, entouré de journalistes, se montrait attentif et même compatissant, embrassant la ligne de la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie. « Je ne m'exprime pas en tant que membre du gouvernement mais en tant que citoyen qui vient en Pays basque depuis quarante ans. Si je fais le bilan coût avantage sur ce dossier, je dois dire qu'il n'est pas très bon, pas éclatant de vérité et de transparence. J'en parlerai aux ministres concernés : Jean-Louis Borloo pour l'environnement et Dominique Bussereau pour les transports. »

Deux autres agriculteurs s'inquiétaient des prix du lait et le ministre expliquait comment il entendait garantir un revenu stable aux agriculteurs lorsque Alain Rousset est intervenu. « Laissez donc le ministre tranquille. Il a assez travaillé là, il faut qu'il rentre chez lui. » Le président de Région, farouche partisan de la LGV, a alors été pris à partie les membres d'ELB lui tenant en substance ce discours : « Vous n'êtes jamais venu débattre de la question ici, laissez-nous en parler avec M. Le Maire et écoutez son opinion. »

Très vite, le ton est monté : « Vous voulez plus de camions, plus de voitures, plus de pollution », a répondu Alain Rousset, ajoutant : « Le Pays basque finira par être le cul-de-sac de l'Europe. Pensez à vos enfants. »

Marie-Christine Elizondo a répondu qu'elle se préoccupait justement de ne pas laisser cinquante ans de dettes à ses enfants et qu'en outre ils voulaient être bergers, comme elle. Bruno Le Maire s'est esquivé dans sa limousine, tandis qu'Alain Rousset poursuivait cette houleuse discussion sous l'œil goguenard du Modem Jean Lassalle, qui lui disputait durant les élections régionales le leadership de la Région.

Hausse de ton

Retenus quelques mètres plus loin par quelques gendarmes, des manifestants étaient massés derrière une banderole « Non à la LGV », et se sont mis à huer Alain Rousset. Dans le brouhaha, on lui a reproché sa position intransigeante, l'absence de conciliation et le fait qu'il n'est jamais venu débattre du sujet en Pays basque. Alain Rousset s'est approché des manifestants. Le ton n'a pas baissé pendant la dizaine de minutes qu'a duré l'épisode d'invectives. Elles n'ont toutefois jamais dérapé vers des propos de joueurs de foot dans des vestiaires sud-africains. Alain Rousset a quitté la place en clamant qu'il y aurait débat, un autre jour, plus tard. Après son départ, l'amertume était grande, notamment pour les syndicalistes d'ELB qui ont vu le dialogue avec le ministre amputé.

« Ce qui est ahurissant, c'est qu'il nous a confisqué notre entrevue avec le ministre », notait un producteur laitier. « Ce n'est pas facile de le rencontrer. Là, il a accepté et il jouait le jeu : il nous a écoutés et il m'a même dit qu'il était d'accord avec moi ! »

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