Autoroute Bordeaux-Pau : le rush des usagers n’a pas eu lieu

Publié le par claac- collectif de lutte anti-carrières des P-A

 

50 jours après l'ouverture de la Pau-Bordeaux le quotidien La République des Pyrenées examine son niveau de fréquentation en enquêtant sur l’activité commerciale en bordure de la nationale 164, anciennement principal axe routier entre ces deux pôles. Constat : celle-ci n’a pas diminué, conclusion : le transfert des usagers (routiers et automobilistes) vers l’A65, annoncé  par ses promoteurs, ne s’est pas réalisé. Raison de cette désaffection ?  Le prix exorbitant du péage qui fait grincer des dents les lobbies des transporteurs.  (lire ci-dessous l’article en question)

 

50 jours après l'ouverture de la Pau-Bordeaux quels changements ?

Par Jacques Caubet
Publié le 2 février 2011

L'ouverture de l'A65 a pour l'instant peu d'impact sur les activités en bordure de la RN134. Les routiers évitent l'A65 pour ne pas répercuter la taxe (130 euros aller-retour) sur la note du client.

On redoutait la mort du petit commerce. La fuite vers la Pau-Bordeaux des usagers, routiers ou familles en villégiature. Le prix du péage redistribue les cartes.

En fait, ce qui révise quelque peu à la baisse l'activité pour les professionnels, c'est la fin d'un chantier de 3 ans, dont les intervenants faisaient prospérer la restauration et autres boutiques, de Sauvagnon à Garlin. Il faut toutefois attendre les vacances de février pour en savoir plus.

Chez « Claire et Nat », le café-restaurant d'Astis, on ne mesure pour l'heure aucun effet sensible de désaffection de la clientèle : « Nous travaillons surtout avec les gens du coin, les artisans et les routiers. On saura dès les vacances scolaires de février si le flux des skieurs et des touristes de passage ont modifié leur itinéraire. On observe pour l'instant que des personnes qui vont en montagne s'arrêtent toujours chez nous », explique Claire. Quant aux routiers, dit-elle, « ils préfèrent passer par chez nous ». Nat, son associée, croit savoir que les automobilistes en provenance des Landes et de Bordeaux, prennent la sortie de Thèze, plutôt que celle de Lescar, « pour payer moins cher ».

Tout le monde a profité de l'appel d'air

Le café-tabac, restaurant Madaune, à Auriac, est une institution, sur la route de Bordeaux. Michel Larrieu et son épouse Marie-José y sont aux manettes depuis quarante ans. Leur fille Christine va prendre la relève à la fin de l'année. Ici aussi, on travaille avec la clientèle locale. Michel, le patron, observe toutefois que les travaux sur l'autoroute ont intensifié l'activité : « Pendant 3 ans, il a fallu ouvrir plus tôt et fermer plus tard. On a bien travaillé en répondant à la demande, surtout le midi, d'une nouvelle clientèle constituée par les ouvriers et autres intervenants. Le chantier autoroutier a mis du beurre dans les épinards ». Dans le secteur, précise-t-il, tout le monde a profité de l'appel d'air, boulangers, alimentations, et même les tables gastro comme Courbet à Sévignacq.

Janvier qui s'annonçait au ralenti a finalement été plutôt convenable selon le cafetier-restaurateur. S'il sait que c'est février qui servira de point de référence, il n'est pas pour autant soucieux de la fréquentation au niveau de son établissement : « Je tâte le terrain avec les automobilistes de passage qui viennent de Gironde et des Charentes. S'ils sont quatre dans la voiture, en payant 22 euros sur l'autoroute, je leur dis qu'à ce prix-là, il y en a deux qui peuvent manger chez nous »... La note à payer est plus lourde pour les routiers : 130 euros. Bon nombre d'entre eux n'ont pas modifié leurs habitudes.

Pas de crainte chez les pompistes

Pas loin de la station-service Renault, Pédurthe Larroudé, à Thèze, une pancarte écolo clame : « Eiffage goudronne vos esprits ». Cela dit, les pompes à essence du garage distribuent toujours autant de carburant, témoigne Laurent Pédurthe, le patron de l'établissement qui fait aussi du dépannage et de la vente de véhicules. Les habitués des environs sont restés fidèles. Tandis que les automobilistes quittent l'autoroute au rond-point de Thèze pour faire le plein à la station.

Situation identique au garage AD (Auto-Distribution), près de la sortie de l'A65, à Garlin. Jérôme Javelaud et son associé Pascal Castagné appréhendaient une chute de l'activité dépannage. Fausse alerte : « Aujourd'hui, on va chercher des voitures jusqu'à Aire-sur-l'Adour ». Pas d'inquiétude sur l'avenir : « Avec le coût de l'autoroute, les gens sont regardants. Ils préfèrent passer par chez nous ».

Des commentaires qui tiennent la route !

 

De quoi tomber dans le panneau

Les retombées du chantier autoroutier ont été substantielles pour les locations pendant plus de 2 ans du côté de Garlin. Mais depuis l'ouverture de l'A65, les hébergements marquent le pas. C'est la disette. Les préparatifs de la saison sont pour l'heure sur la corde raide. Le site internet du syndicat mixte, nous signale-t-on, n'a pas été actualisé. Même l'autoroute est aux abonnés absents pour accéder dans le coin. Et, à la sortie de la ville, la signalétique fait défaut. Les prestations d'hébergement, de restauration, et autres services n'ont pas droit de cité. Les excellents vignobles du Madiran et du Tursan sont pareillement en carafe dans la clandestinité. Si les touristes n'ont pas d'info sur la richesse du terroir, «à quoi bon valider, comme l'a fait le syndicat, la mise en place de la taxe de séjour ?» s'interroge avec raison notre correspondante de Garlin, Marie-Anne Sommesous. Et si la zone artisanale menaçait friche ? Allez ! On se réveille... Chiche !

 

Les routiers trouvent la note salée

Aline Mesplé, vice-présidente nationale de l'OTRE (organisation des transports européens) et présidente du syndicat Béarn, observe que, pour l'heure, peu de camions empruntent l'autoroute pour ne pas répercuter le coût du péage sur le client qui rechigne à cracher au bassinet. L'organisation va négocier avec A'Liénor, une remise à proposer aux adhérents. Mais encadrée par les directives européennes, cette révision à la baisse de la taxe ne peut être supérieure à 13 % des prix. Ce qui limite la ristourne à la portion congrue.

La patronne du syndicat plaide également pour la « petite facture » dans les secteurs où les autoroutes sont obligatoires pour les poids lourds. « Le projet est déjà dans les tuyaux. Afin que la taxe routière soit dissociée de la facture sur une ligne à part ». Mais de toute manière, c'est le client qui paiera le coût du péage, pas le transporteur. Aline Mesplé explique pourquoi la taxe est si élevée pour les camions : « L'objectif affiché est environnemental après le Grenelle ». En clair, c'est pour que le client puisse opter pour un mode de transport « plus propre » : le ferroviaire, le fluvial ou le maritime.

Mais la présidente de l'organisation ne voit pas l'économie régionale, au risque de se planter, se passer du transport routier : « Le fret de Bordeaux à Pau sur un train ? Faut pas rêver » ! fait-elle. En faisant observer que le camion a des atouts que n'a pas le rail, en deçà de 500 km. Et notamment « la flexibilité, le groupage en différents endroits pour envoyer le fret sur Paris », par exemple. « Ce qui explique qu'une entreprise comme Lindt à Oloron n'utilise pas le ferroviaire », dit-elle, en insistant sur l'importance économique du transport routier. Et en estimant que les élus devraient davantage s'intéresser à ce mode d'exploitation. Un argument musclé en période pré-électorale !

 

 

http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2011/02/02/pau-bordeaux-50-jours-apres,178518.php

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